La situation est alarmante : un enfant sur quatre vit sous le seuil de pauvreté au Luxembourg, avec un taux particulièrement préoccupant de 48% dans les familles monoparentales. 15% restent en situation de pauvreté persistante et 8% vivent dans des conditions de privation matérielle et sociale. Cette précarité impacte directement le bien-être des enfants et leur accès aux droits fondamentaux comme la santé, le développement, la nutrition, l’éducation et le logement. La crise du logement et les inégalités socio-économiques croissantes ne font qu’exacerber ce problème. Malgré les avertissements et les appels à l’action lancés au gouvernement, la réalité reste sombre.
Pour l’OKAJU, il est essentiel de :
- promouvoir un environnement favorable au développement de chaque enfant,
- mettre en place des mesures concrètes pour augmenter les revenus des familles touchées, et notamment prévoir des aides sociales supplémentaires,
- développer des solutions durables pour le logement,
- renforcer les mécanismes de soutien aux familles monoparentales,
- développer une plateforme interministérielle et intersectorielle pour lutter contre la pauvreté infantile,
- prendre des mesures pour détabouiser et déstigmatiser la pauvreté, ainsi que pour briser la perpétuation de la pauvreté intergénérationnelle.
L’exploration des mécanismes de persistance de la pauvreté, telle que présentée dans des ouvrages spécialisés (p.ex. De Schutter et al. (2023) «The Escape from Poverty: Breaking the Vicious Cycles Perpetuating Disadvantage»), permet d’affirmer l’importance d’une intervention précoce, de l’égalité des chances et d’un investissement dans la protection sociale, l’éducation et la lutte contre la stigmatisation pour rompre les cercles vicieux. Divers problèmes sociaux sont associés à la pauvreté, qui nécessiteront un investissement beaucoup plus lourd en termes de services publics et d’allocations sociales. « 1 euro investi pourrait rapporter entre 5 et 7 euros » (Marlier, Caritas Forum 2024).
L’analyse du système REVIS (Revenu d’inclusion sociale) révèle que 42% des bénéficiaires sont des enfants et des jeunes. Il est mis en lumière des « Armutsfallen » (pièges à pauvreté) créés par le système lui-même : accumulation de dettes, hypothèques sur le logement, sanctions affectant toute la famille. Des études ont montré que les discriminations vécues par des enfants issus de familles pauvres (bénéficiaires du REVIS) se répercutent tout au long de leur enfance et au-delà. La non-participation de ces parents à des mesures de stabilisation et de préparation offertes par l’Office national d’inclusion sociale (ONIS) réduit leurs compétences personnelles et professionnelles.
Les systèmes publics garantissant les pensions alimentaires impayées existent dans la plupart des pays européens. La revue des dispositifs existants dans d’autres pays européens montre que les conditions d’éligibilité du système luxembourgeois ne sont pas présentes dans la plupart des systèmes (il n’y a pas de condition de revenu, ni d’obligation d’exécution de droit privé et les conditions de résidence sont plus courtes).