droits de l'enfant

Discours d’introduction de Ann Skelton

Invitée par l’Okaju à l’occasion du lancement du livre « Un siècle de droits de l’enfant » au Mënscherechtshaus, Ann Skelton, présidente sortante du Comité des droits de l’enfant de l’ONU, a captivé l’auditoire avec une intervention puissante, entre mémoire historique et appel résolu à relever les défis d’aujourd’hui.

Ann Skelton – Présidente du Comité des droits de l’enfant (2023–2025)

Transcript – traduit en français

Un centenaire est toujours une occasion précieuse de réflexion. Cet ouvrage nous invite à revisiter un siècle d’histoire, à analyser la situation actuelle et à envisager l’avenir des droits de l’enfant. Le 100e anniversaire de la Déclaration de Genève sur les droits de l’enfant nous ramène à l’œuvre pionnière d’Eglantyne Jebb, mentionnée dans plusieurs chapitres, ainsi qu’à celle de Janusz Korczak, figure majeure de la pensée sur les droits de l’enfant, mort avec 200 enfants au camp de Treblinka en 1942, soit seulement 18 ans après l’adoption de la Déclaration.

Cette semaine, le monde a également commémoré la libération du camp de Bergen-Belsen, le 15 avril 1945 – il y a 80 ans. C’est là qu’Anne Frank et plus de 3 500 enfants ont perdu la vie.

Face à la réalité brutale de millions d’enfants mourant de faim, Eglantyne Jebb s’est engagée à trouver des solutions pour les enfants victimes de la guerre. Avec sa sœur Dorothy Buxton, elle a œuvré pour faire évoluer l’opinion publique, afin que même les enfants de l’ennemi soient épargnés par la famine.

Le chapitre de Philip Veerman illustre bien cette dynamique, tout comme celui d’Eliza Smierszhchalska, qui approfondit ces récits historiques. Le témoignage d’un procureur y est également évoqué.

Malheureusement, la mission d’Eglantyne Jebb reste inachevée. Le chapitre de Simone Beck nous rappelle combien il reste à accomplir. Aujourd’hui encore, des millions d’enfants subissent les conséquences des conflits armés. Selon Save the Children, 468 millions d’enfants vivent dans des zones de guerre. Gaza, l’Ukraine, l’Afghanistan, le Yémen, la Syrie, le Myanmar, Haïti, le Soudan, le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la République démocratique du Congo et la Somalie sont autant de lieux où les enfants sont confrontés à des violations graves de leurs droits.

Le rapport 2024 de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés indique que les violations les plus fréquentes sont les meurtres et mutilations, le recrutement forcé, le refus d’accès humanitaire et les enlèvements.

Le Comité des droits de l’enfant appelle à des cessez-le-feu, au respect du droit humanitaire et à des enquêtes impartiales sur toutes les violations graves. Eglantyne Jebb et Janusz Korczak n’en attendraient pas moins de nous, héritiers de leur combat, chargés de veiller à l’application de la Convention relative aux droits de l’enfant, successeur de la Déclaration de 1924.

Lors de l’examen d’Israël, l’ambassadeur auprès des Nations Unies a évoqué Janusz Korczak dans sa déclaration d’ouverture. Dans mon discours de clôture, après six heures de dialogue, j’ai repris cette référence. Le Comité a également examiné la Fédération de Russie en 2024. Il a notamment souligné que la Cour pénale internationale a émis un mandat d’arrêt contre la Commissaire aux droits de l’enfant du bureau présidentiel russe, pour son rôle dans la déportation illégale d’enfants ukrainiens. Cela souligne l’importance cruciale de l’indépendance des institutions internationales de défense des droits de l’enfant – une valeur fondamentale à préserver dans tous les aspects de leur fonctionnement.

Plusieurs chapitres de ce livre mettent en lumière le travail essentiel de ces institutions, notamment ceux de Charles Schmit et Niall Muldoon. Le chapitre de Bruce Adamson sur l’incorporation des droits de l’enfant en Écosse est particulièrement inspirant, à une époque où les droits de l’enfant font face à des résistances croissantes. Il me cite d’ailleurs en affirmant que la loi écossaise est l’un des meilleurs textes législatifs en matière de droits de l’enfant que j’aie lus. C’est vrai – cette loi a le potentiel de renforcer les droits des enfants et d’intégrer la jurisprudence de la Convention, y compris via le Protocole facultatif sur la procédure de communication, tel un cheval de Troie.

Bien sûr, la mise en œuvre de la Convention reste un chantier en cours. Les chapitres d’Éric Delamar et de Renate Winter le démontrent clairement, tout comme l’épilogue de Michel Anglade. Jörg Kerkruth, quant à lui, nous rappelle l’importance de l’accès des enfants à la justice – un thème que je souhaite approfondir.

Êtes-vous prêt à ne pas abandonner ?

La participation des enfants est un autre aspect fondamental, mis en avant dans plusieurs chapitres. Pour comprendre comment les enfants vivent leurs droits et pour transformer cette compréhension en actions concrètes, il est essentiel d’écouter ceux qui sont sur le terrain. À ce titre, le chapitre des jeunes défenseurs Natasha Lepage et Julien Wald est particulièrement inspirant.

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Depuis la rédaction de ce livre, les 100 premiers jours du mandat du président Trump ont eu lieu. Pour beaucoup dans le monde des droits humains, le constat est sombre.

Le Comité poursuit ses sessions, dans un contexte de dépendance accrue au financement onusien.

Et maintenant ?

  1. Préserver les acquis
  2. Créer de nouvelles alliances
  3. Renforcer la solidarité dans les domaines des droits humains et des droits de l’enfant
  4. Construire des institutions solides – notamment les INDH et l’ICRI
  5. Promouvoir l’accès à la justice
  6. Ne jamais abandonner

 

Discours d’introduction de Ann Skelton

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