À l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant, Eurochild publie son rapport 2025 : « Unequal Childhoods: Rights on paper should be rights in practice ».
Ce rapport, réalisé avec 84 organisations dans 36 pays, dresse un état des lieux des droits de l’enfant en Europe et analyse la mise en œuvre de la Garantie européenne pour l’enfance. Cette initiative, lancée en 2021, vise à assurer aux enfants vulnérables un accès gratuit à des services essentiels comme l’éducation, la santé, le logement et l’alimentation.
Et au Luxembourg ?
Luxembourg : des droits encore fragiles pour les enfants
Près d’un enfant sur quatre (25,6 %) est exposé au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale, un chiffre en hausse par rapport à 2022. Les familles monoparentales, les enfants migrants, ceux en situation de handicap ou placés en institution sont particulièrement vulnérables. Les inégalités éducatives restent marquées : le Luxembourg affiche l’un des écarts de réussite scolaire les plus élevés de l’Union européenne, malgré un taux élevé de participation à l’éducation préscolaire.
La protection contre la violence constitue un autre défi majeur. Le rapport appelle à une stratégie nationale pour combattre toutes les formes de violence – physique, psychologique, économique ou institutionnelle – et à interdire explicitement les châtiments corporels. Les mécanismes de participation des enfants existent, mais demeurent complexes et peu accessibles aux plus fragiles.
La santé mentale des jeunes inquiète également : les prescriptions d’antidépresseurs chez les 6–17 ans ont augmenté de 50 % depuis 2019. Bien qu’un plan national ait été lancé, le manque de soutien psycho-social dans les écoles persiste.
Enfin, le rapport souligne la nécessité d’améliorer l’accès au logement abordable et de renforcer la lutte contre la cyberviolence, qui touche un enfant sur cinq.
En tant que membre d’Eurochild, l’Ombudsman fir Kanner a Jugendlecher (OKAJU) a contribué à cette évaluation et appelle à des réformes structurelles pour que les droits inscrits sur le papier deviennent réalité.
Découvrez le rapport complet et
les recommandations pour le Luxembourg : https://eurochild.og
Points clés pour le Luxembourg
Recommandation principale
Combattre toutes les formes de violence contre les enfants : psychologique, physique, économique, institutionnelle, structurelle, abus et négligence.
Données essentielles
- Population enfantine : 126 833 (18,9 % de la population totale, 2024).
- Pauvreté infantile : 25,6 % (≈33 000 enfants), en hausse de 0,5 point depuis 2022.
→ Luxembourg figure parmi les pays avec le 5e taux le plus élevé en Europe. - Groupes les plus à risque : familles monoparentales (44 % sous le seuil), enfants migrants, enfants en institution, enfants en situation de handicap.
- Problématiques majeures
- Violence : absence de stratégie nationale globale ; besoin d’interdiction explicite des châtiments corporels.
- Protection de l’enfance : majorité des placements en institution plutôt qu’en famille d’accueil ; manque de suivi externe et de ressources.
- Participation des enfants : mécanismes existants mais complexes et intimidants ; enfants vulnérables peu impliqués.
- Santé mentale : prescriptions d’antidépresseurs chez les 6–17 ans en hausse (+50 % depuis 2019) ; plan national (2024–2028) mais manque de soutien psycho-social en écoles.
- Éducation : fortes inégalités (écart de réussite le plus élevé de l’UE) ; besoin d’un cadre national de qualité et d’adaptation pour élèves défavorisés.
- Pauvreté et aides sociales : procédures complexes, stigmatisantes ; 400+ enfants sans assurance maladie.
- Logement : marché immobilier restrictif ; besoin d’augmenter l’offre abordable et d’améliorer l’accueil des migrants.
- En ligne : 1 enfant sur 5 (12–16 ans) victime de cyberharcèlement ; 31 % exposés à la pornographie ; initiatives comme BEE SECURE mais couverture limitée.
- Initiatives et politiques
- OKAJU : formation annuelle des professionnels ; projet INTERREG Capaciti (2024–2028) ; plateforme de participation (mars 2025).
- Garantie européenne pour l’enfance : screening systématique des troubles d’apprentissage ; ESF+ soutient 3 000 enfants ; taux de participation ECEC élevé pour <3 ans (60 %), mais faible en zones rurales (32 % près d’une école primaire).
En résumé
Le Luxembourg affiche des progrès limités : malgré des initiatives, les défis persistent en matière de violence, pauvreté infantile, inégalités éducatives, santé mentale, et protection des enfants vulnérables.
Les recommandations clés portent sur :
- Une stratégie nationale contre la violence.
- Des réformes structurelles pour la protection, la participation et l’inclusion.
- Un renforcement des aides sociales et du logement.
- Une amélioration des services de santé mentale et de l’éducation.